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dimanche 24 août 2008

l'art de faire la frite

Attention, attention !
Caissier plein de bonne volonté, tout prêt à faire du chiffre, tu mates ce qu’on appelle vulgairement le football field avant de pointer.


Oui, oui, je parle bien de cette feuille ou les prénoms sont mis dans des petites cases, ces petites cases indiquant des postes définies par l’empereur du rush, le manager. 
 Et te voilà aux frites.





Hein ? QUOI ? POURQUOI ? Mais, heu… mais !

Oui, ça peut être une de vos réactions, car vous les avez vus tout ces équipiers, râlant, stressés, luttant contre les emballages, les mains agitées de spasmes, vous lançant presque les panières de frites en pleine tronche.
Le poste à frite, ça peut faire peur :
Vous aurez en charge toutes les frites qui seront vendues.
Rien que ça.
Allons, n’angoissez pas, sachez qu’avec un peu d’expérience, on y arrive presque à s’ennuyer et faire (toutes et tous !) les boissons, les desserts en même temps.

Personnellement, j’ai été, formée par notre sur-directeur tout puissant, ultime roi de la norme du détail. Donc, je pense être quelque peu compétente à ce sujet. Si vous voulez être parfait et qu’il n’y a encore personne au comptoir, que vous êtes entouré de hauts gradés, vérifiez votre poste avec minutie.
  • On regarde le niveau des huiles, on rajoute si besoin. N’oubliez pas de faire votre pro en lançant tout haut « je ne pourrez jamais faire des frites de qualités avec un niveau aussi bas d’huile ! »
  • On nettoie tout ce qui est nettoyable, on part à la pêche si besoin. Ou plus professionnellement dit « écumer les huiles », rattraper tout ce que les frites ont laissées derrières elle, bref toutes ces saletés qui nagent à la surface, qui sait vous choperait peut être une patate devenue caillou noir. ET PAS AVEC LES MAINS ! (Faudrait tout de même pas entrer dans la légende comme le sauveur de nuggets)
  • On regarde si la machine ( s'il y en a une !) qui remplit les panières est correctement ajustée, correctement remplie.
  • Et bien sûr, vous êtes en tenue. Filet et tablier, cela va de soi.
Ok, vous êtes donc prêt, et les gens commencent à s’entasser derrière le comptoir.



Le premier truc a savoir, c’est que là aussi, c’est juste une question d’organisation et de régularité. Y toujours une panière de frites de lancée, il faut conserver un rythme. Un rythme qui évoluera selon l’ampleur du rush.2 panières en même temps, voir 3.
Si c’est la panique, on utilise toutes ces ressources.
Une erreur que j’ai pu faire auparavant, c’est de me fier aux nombres de clients que je pouvais apercevoir derrière les caisses. Me voila en train de balancer 4 panières en même temps, 10 minutes plus tard mes frites commençaient a se fossiliser.
Les caisses, voila votre point de repère. Plus y en aura, plus votre poignet va devoir s’activer.

Et les caissiers !
  • 4 nouveaux en caisse ?
Pas d’inquiétude…. La main frêle, l’hésitation, le nouveau attrape la frite en disant « je te prend une grande frite ! » tout fier de vous prévenir de son action, alors que franchement, vous vous en foutez royalement.

  • 4 supers caissiers faisant du 450 euros à l’aise par heure ?
Bon courage, vous n’aurez même pas le temps de tourner la tête qu’ils vous auront pris une dizaines de grande frites (l’équipier star du chiffre ne prend que des grandes frites, il sait entuber le client).Si rapide qu’ils sont, le temps de vous prévenir « jte prends 5 grandes frites, 4 petites frites et 2 grande patates ! », les voilà déjà en train de vous piller, « mais je t’avez prévenu » vous réplique t-il a vos ronchonnement de frite-man. Ah, ah...

Donc, arrive cette qualité étrange, difficilement maîtrisable, mais qui vous sauvera à tous les postes. L’anticipation.Voir, l’intuition, pour les vieux comme moi. Un 6eme sens de la frite, qui vous pousse à plonger 4 panières alors qu’il n’y a personne, et voilà qu’un groupe de 30 clients arrivent 3 minutes plus tard.
Ça, seule l’expérience vous apportera ce don miraculeux.

Et quand vous aurez atteint ce stade ultime du frite-man (quand on vous postera systématiquement aux frites), vous oserez l’impensable, faire des frites de qualité, chaudes en permanence. C'est-à-dire en faire le moins possible, en avoir le moins en réserve, les faire presque à la commande sans qu’on vous en commande (cette phrase est étrange, je conçois, mais la réalité veut que je la formule ainsi). A ce stade, vous n’aurez plus peur de la rupture (que les équipiers attendent pour leurs frites), vous aurez la maîtrise.

Et croyez moi, si vous y arrivez, vous pouvez vous applaudir (oui, car je ne vois pas qui pourrez vous applaudir sinon, la reconnaissance en ce milieu est quasi-nulle), car peu de gens arrivent à ce niveau de compétence extrême.

D'autres postes : 
 

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Conseil qui me praitrait plus simple pour tous ceux qui ne sont pas masos :
Faites couler votre poste, ( discrètement bien sur ) et vous retournez tranquilement à votre caisse ou votre toasteur ( mais est-ce vraiment moins pire ? :))

Anta a dit…

encore faut-il pouvoir retourner à sa caisse...

Anonyme a dit…

coucou tu oublis de parler du soucis de saler en M .

Anta a dit…

lol, tu es attentif a ce que je vois.. Oui, c'est ce qui étais précisé dans l'ancien article. Mais en fait, c'est pas vraiment un souci le salage en M, c'est l'aspect ridicule de cette norme. Et pourquoi pas signé un joli Z comme zorro ? C'est le genre de norme qui pourrait l'objet d'une these tellement elle soulève de questions sur la confiance de l'entreprise sur l'employé, la notion de toute puissance et ses conséquences... ( et je deconne pas là). Peut être j'en ferais un article, tiens.

martin56 a dit…

Depuis 2 Jours au poste frite, la galère...
3h d'affilée au poste frite devant des frites... Ce midi je me suis fait engueulée par une manageuse car il y a eu des pertes alors que 10 min avant, elle me gueule que ça va pas assez vite... Raaaa!!

Comme dit "Anonyme", je vais surement me faire couler car là j'en ai marre...
En plus j'ai un terrible mal aux mains... ça m'énerve !
J'éspère que demain, c'est pas encore pour moi le poste car là j'en peux plus !

Anta a dit…

Fait attention à ton mal de main, ça peut être le début d'une tendinite, c'est très courant à ce poste.
Bon courage, et demande a changer de poste si la douleur persiste ( et même sans la douleur...)

Anonyme a dit…

Hahahaha:D ton post sur les frites de MacDo m'a bien fait rire surtout que je ressent bien le stress de la 1ère fois ou on est au poste frite^^

Anonyme a dit…

Juste excellent ton post sur les frites ayant travaillé dans un mc do pendant presque 4 ans je connait ça. Surtout que moi aussi j'étais la reine de la frite ... résultat brulure, tendinite, ...
ce qui est chiant c'est quand on te prévient pas et il est vrai qu'avec un peu d'entrainement on peut faire les boissons et les desserts en meme temps. mais bon tout ça pour le meme salaire et que on te poste toujours au frite.
Ne vous laissez pas poster systématiquement aux frite car moi maintenant j'ai des soucis de poignets.
mais bon on est fiere de nous lorsqu'on arrive a faire a rush a plus de 3000 le quart d'heure tout seul au frite alors qu'on est sensé etre 2 (il me semble.
bref vive les frites et surtout celles qui s'enfuit vers le bac a pota ou les pota qui vont dans les frites (le truc méga chiant.

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