*

dimanche 24 août 2008

En caisse

Vous avez encore le statut de nouveau, même après avoir passé le mois d’essai. Vous le sentez dans le regard des anciens, ceux dont on perçoit à peine les mouvements tant ils sont rapides, vous voyez bien que vous enchaînez les gaffes. 
Les clients reviennent dépités, tendant leur sac-à-emporter comme s’il faisait la manche… oui, vous en oubliez des trucs, des menus entiers parfois, dés que la commande dépasse 3 menus c’est la panique !

Et puis un autre mois passe.Vous le sentez, vous êtes bon.

Mais vient ce moment de grande solitude. Un manager passe, une feuille à la main, l’accroche aux yeux de tous.Les chiffres du rush. De midi à 13 heures vous êtes en compétition, et oui les petits jeunes, non seulement faut savoir faire son job, mais plus que tout, faut faire du chiffre.

Aaaaah le capital…On l’avait presque oublié celui-ci.

Vous faites 50, 100 voir 200 euros de moins que les autres de l’heure. Pourtant vous courez, vous criez, de loin, pour un client, vous êtes aussi survolté que les autres.Et si la situation ne se débloque pas, les managers vous convoquent. Et un manager, parfois ça fout la trouille. Ça peut ravager votre humeur professionnelle, vous mettre une pression terrible selon votre sensibilité.

Avec de la chance, un super formateur vous apprendra les ultimes techniques pour encaisser à la vitesse de l’éclair. Si ce n’est pas le cas, alors je vais vous fournir quelque astuces :

Je préviens tout d’abord les clients. Ceci risque de vous choquer, voir de vous révolter. Car dans ce restaurant mondialement connu, le client n’est pas roi. Ce n’est pas lui qui décide, vous allez voir pourquoi. Sachez que ce n’est pas pour autant qu’on ne vous respecte pas ( je suis franche là, mais oui, mais oui…) .


12h00 : Vous ne voyez déjà plus la ligne d’horizon, des dizaines de têtes affamées la masquent. Ça commence.1er client : Hésitant, peu sur de lui, les yeux voguant entre les panneaux lumineux. C’est mal parti, que vous vous dites, il va mettre au moins 2 minutes avant de savoir ce qu’il veut.

Non, c’est une occasion !
Ne le laissez pas choisir, proposez le sandwich de la semaine (toujours plus cher que les autres), puis enchaînez sur cette vicieuse question : avec une grande frite ? S’il dit oui, c’est gagné. Proposez le dessert, n’importe quoi d’autre. Tant que vous pourrez rajouter, ce ne sera que mieux. Gain = de 0.50 euros à 5 euros (pour les pros)

S’il paye avec la carte bancaire, enclenchez là directe, vous ferez la commande pendant que la machine travaille. Gain = 1 à 2 minute
Si c’est de la monnaie, répétez bien le montant total, feignez même de vouloir encaisser tout de suite, il sera forcé de préparer sa monnaie en avance gain = 2/3minutes
La préparation de la commande : C’est une question d’organisation et de mémoire. Rappelez-vous le maximum d’éléments de la commande et soyez stratégique et économique. Je me rappelle de ma formatrice qui me disait « t’en auras tellement marre de faire des allers retours qu’à force tu prendras tout en une fois ». Si vous avez des grands bras et des grandes mains, ça peut être un sacré atout, vous pourrez transporter des tonnes de menus en même temps. Bon, je vous passe tous les détails pour cette phase, j’y reviendrais un jour si c’est nécessaire.

Cette phase, pour deux menus, peut vous prendre 15 secondes.

Avec la prise de commande et l’encaissement, si le client s’avère aussi pressé que vous, vous aurez encaisser une douzaine d’euros en 30/35 secondes. Je vous laisse faire le calcul du futur chiffre d'affaire…
Ça donne le vertige.

Personnellement, même je fais partie de ces gens qui « font du chiffre », qui usent et abusent de techniques de ventes (douteuses ? immorales ? on reste sur de modiques sommes … mauvaise excuse dit l’ange au dessus de ma tête !), je ne suis absolument pas d’accord avec le principe. C’est une épineuse question que nous aborderons plus tard. 

D'autres postes : 



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je viens de lire ton article et cela m'étonne un peu, vous faites la course pour faire du chiffre, mais à la fin le premier ou le dernier caissier auront toujours la même paye alors à quoi bon courir ?

Anta a dit…

La paye en effet reste là même. Mais parfois lors des rushs, y a des cadeaux à gagner ( places de ciné par exemple) pour les meilleurs chiffres. Et autre truc qui nous pousse à courir plutôt qu'être lent : Le fait de ne pas faire de chiffre est pris en compte pour les primes ( qui vont jusqu'a 160 euros tout les 3 mois) , y aussi une sorte de classement tout les mois affiché en salle équipier ou les plus lents sont rappelés à l'ordre, voir même convoqué et menacé s'ils persistent à rester lent.

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...