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samedi 27 juin 2009

( en souterrain) Phase 3 : Jeunes adultes/ étudiants

Vous, peut-être ?

La crise est passée. En psycho, on définit la crise simplement : On arrive dans un état de tensions, l’être n’est plus adapté pour différentes raisons, il ne peut plus vivre comme avant. C’est la crise. Faut donc trouver des nouvelles façons de vivre, et quand c’est trouvé, on va de mieux en mieux.

Et on fête ça.


Vous l’avez deviné, je vis dans un pays ou l’on boit à outrance. C’est donc culturellement admis, c’est même encouragé largement, j’ai des amis qui ont pris leur première cuite à 8 ans, en famille.

La nuit appartient aux bars, aux boîtes, aux épiceries nocturnes, aux vendeurs de kebab et aux McDo-Quick.

Mes jeudis et samedi soir d’équipière, je n’avais que des clients entre 16 et 35 ans, ivres.
Pas besoin de faire de schémas : l’ivresse n’est pas très bonne conseillère, elle vous vole votre libre arbitre. Neurologiquement, c’est comme si on ouvrait les vannes qui retiennent les bons des mauvais comportements en société, ça désinhibe sec. Mais ça crétinise un maximum aussi.

Le jeune client ivre est un super client : Les yeux toujours plus grands que le ventre, il commandera le double, voire le triple de ce qu’il mange habituellement. L’alcool se fait complice de la restauration rapide et de tout commerce de nuit : elle fait oublier la réalité du compte en banque.

Une légende urbaine participe largement à ce phénomène : On doit que les Bigmacgiant sont bourrés d’antivomitif, ce qui amène les fêtards à venir la nuit et le lendemain.
Désolé, mais c’est faux. Ce qui est anti vomitif, c’est le coca, il coupe la nausée, stimule l’état vaseux grâce à sa caféine et sa haute teneur en sucre.

On va enfin parler de bouffe ! yaaaaaaooooouuuuu !

Rappelez-vous de notre conditionnement social qui a commencé depuis la jeune enfance et continué jusqu’aux heures sombres de l’adolescence. Sans s’en rendre compte, on a mangé et encore mangé. On s’est habitué. Et on y a pris goût :

C’est à la fois un goût d’ordre social, cette odeur de hamburger et de frites, c’est des souvenirs avant même d’être de la nourriture.

Je rappelle d’une technique d’un psychologue pour faire retrouver la mémoire à des amnésiques : il faisait sentir des odeurs à ces patients. L’amnésique avait commencé à retrouver des souvenirs avec l’odeur des fraises tagada, c’était l’odeur de son enfance.

L’odeur, c’est comme le fil invisible de nos vies. C’est discret, ça s’infiltre sans qu’on s’en aperçoive, ça se tisse inconsciemment dans nos souvenirs. C’est d’une poésie qui ferait pleurait un romantique, c’est notre cerveau et la magie des connexions neuronales.

Et c’est un conditionnement : Comme ce celui du Chien de Pavlov qu’on avait conditionné à saliver dés qu’il entendait le son d’une cloche et pas autrement.

Odeur de McDo-Quick, salive petit ! Et salive de ton âme, pense à ces délicieux moments partagés que tu as déjà vécu avec amis/famille en compagnie de cette odeur !

Salive petit, à la seule vision d’un grand M jaune !

On le tient, le client, il est prêt, bien modelé. Mieux que ça, il est devenu accro. L’excès de sucre et de sel contenu dans la nourriture, l’organisme s’y est adapté et peut difficilement vivre dans ces doses, l’hypoglycémie guette.

Et pourtant on vous l’avait dit, de manger 5 fruits et légumes par jour ! Mangez, mais bougez ! C’est de votre faute bandes d’obèses en puissance, vous êtes irresponsables !

C’est facile de rejeter la faute sur l’individu. Toute sorte de groupement rejette ainsi la faute sur l’individu qui n’a aucun encadré publicitaire pour répondre. C’est presque une mode :

La planète créve, BORDEL, éteignez vos lumières !

Et après, on se ballade en campagne et on croise une usine qui fabrique des énormes nuages noirs.

On ne se fout pas un peu de notre gueule, là ? Je suis pour que l’individu prenne ses responsabilités, mais y a peut-être à un autre niveau plus efficace que les responsabilités pourraient être prises… Généralement quand des parents demandent à l’enfant de ranger sa chambre, c’est que le reste de la maison est déjà rangé, sinon l’ordre parental paraît arbitraire… Un peu de bon sens, bordel !

Je m’emporte là, oups !

Revenons à notre sucre et sel. Je suis moi-même accro au sucre, au chocolat, aux gâteaux, droguée de chez droguée. J’ai bouffé pendant 4 ans au McDo, allez on va dire 10 fois par semaine, deux repas par jour. J’ai pas gagné de kilos et pourtant je bouffais très rarement de la salade.

J’avais, comme tous les autres employés, « l’avantage » de courir dans tout les sens et donc d’empêcher le stockage massif de graisse.

Donc, j’avoue que je suis mitigée quand je vois la hauteur des attaques qu’on apporte à cette bouffe.

Je crois l’expérience Supersize me ;

Mais le problème majeur, c’est pas forcément le fait que ce soit gras, on le sait tous. Le problème c’est l’addiction.
Et l’addiction n’est pas qu’un problème lié au simple produit, c’est du psychologique :

- Le café, le matin, c’est d’abord un stimulant puis ça devient un moment agréable dont on ne peut se passer : il ritualise le début de la journée, il amorce les moments. Le produit s’inscrit sur une ligne de vie.

...tellement qu'on en a fait une série.

- La clope. La dépendance corporelle est aussi intense que de la drogue dure. L’arrêter, c’est devoir subir une grande nervosité, c’est tout les neurones qui crient famine. Mais pas que : Comme le café, la clope c’est des moments de vies, des béquilles aux instants, des anges gardiens de fumée qui aide la motivation, l’attention. Parce qu’on est conditionné tel quel, on s’est soi-même construit ainsi, et l’effet du produit a renforcé cette perception des moments de vies.


Le sucre + sel, c’est un peu pareil : Y a le manque physique, avec l’hypoglémie. Et la béquille psychologique. On se jette sur un paquet de gâteau, parce qu’on s’est conditionné à se gorger de sucre devant la TV. Le moment ne peut être pareil sans ça, il faudrait le reconstruire, le réinventer.

Et ça, c’est dur de transformer sa vie, même quand il s’agit d’habitudes qui peuvent paraître futiles, elles sont au contraire du ciment dans les briques de nos journées.
Mcdo-Quick, nutritivement, se comporte exactement comme toute drogue communément admise par notre société : Elle pallie, elle comble, elle aide.

Journée stressante, entrée chez soi éreinté, on est vidé : donc on s’accorde le droit de ne pas préparer à manger. Et magie, magie, notre société a créé de la bouffe parfaitement adaptée a cet épuisement psychique > des pizzas, des kebabs, des burgers, des frites, du sucré. La teneur en sucre/sel fout le coup de fouet au cerveau laminé par sa journée en plus d’être rapidement préparé.

C’est ainsi, que sans le savoir, McDo-Quick, au-delà d’être un éventuel repas, devient inconsciemment une solution à nos problèmes.

Et gagne encore le statut de sauveur.

Suite : Quand on devient équipier, les préjugés.

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