*

vendredi 3 juillet 2009

La famille Mcdo et L'importance du méchant

En corrélation avec cet article de la surface : Fascinantes vies d'employés...

Ahhh la famille McDo…. J’avais abordé le sujet en prenant des larges extraits de la parole de Paul Ariès ici.

C’est un phénomène assez fascinant cette cohésion, cette bonne entente extrêmement forte. McQ en a conscience, et encourage le phénomène : par les soirées équipiers par exemple.
Plaçons-nous du côté de l’organisation : c’est beaucoup plus rentable que l’équipe soit soudée, que l’équipier ne fasse pas des heures supplémentaires, mais plutôt qu’il pense plutôt rendre service à son pote le manager.


C’est de ce point de vue qu’on se rend compte de l’artificialité de certains comportements de sympathie. Ne nous leurrons pas, ne soyons pas naïfs : quand le manager organise un concours, qu’il y met toute sa bonne humeur, c’est pas juste pour égayer le terrain. C’est pour accroître la motivation et rallier à sa cause toute la force de l’équipe. Et ça profite largement à l’organisation.
Mais ce qui est encore plus sidérant, c’est de voir comment ces mêmes managers croient dur comme fer que c’est eux qui ont pris l’initiative, que c’est grâce à leur personnalité que cela se passe bien. J’ai pu discuter avec un manager qui a quitté le terrain qui se vantait encore de son attitude en faveur des équipiers.

Posons-nous la bonne question : qui permet ces concours sur le terrain ? Qui a pris l’initiative en premier ? L’enseigne. C’est l’enseigne qui laisse cette liberté qui souffle ses idées.
Imaginons un manager tout plein d’idées, il aura besoin de l’accord de l’entreprise pour les mettre en place. Donc, tout cela est contrôlé subtilement par l’enseigne, y a pas beaucoup de place accordée au hasard, voire même aucune.

Les méchants… Ah, c’est qu’on les aime pas ceux-là !

Et pourtant, ils ont un rôle essentiel dans l’organisation. Imaginons que vous inventez une histoire, à un moment donné faut bien qu’il se passe des événements quelconques, c’est chiant un paradis tout lisse : il ne se passe rien d’intéressant. C’est donc là que vous faites intervenir les méchants : ils donnent du piquant à l’histoire, et pousse les héros à devenir encore plus héros qu’ils ne le sont. Quand le joker arrive, Batman doit se réinventer, se surpasser. Et s’il n’y a plus de crime, de méchanceté et bien plus besoin de super héros, Batman peut aller s’installer dans une petite maison et cultiver tranquille son potager.



McQ a besoin de super héros équipier, parce qu’il a besoin de chiffre, beaucoup et qu’on en fait pas suffisamment avec une équipe quelconque. Faut une super équipe aux supers pouvoirs (genre tenir 3 postes à la fois, faire des Mac plus rapidement que le timing de la norme etc…)

Le manager enragé : Il avait totalement conscience de son rôle de méchant et cela était assez fascinant de voir qu’en salle de pause ce n’était plus le même. En soirée, je me suis même vue avoir des supers conversations avec lui, sur des sujets qui me semblaient à des lieux de l’anti-morale qu’il affichait sur le terrain. Un vrai rôle, mais qui après un rapide coup d’œil psychologique, lui était nécessaire pour pallier à un évident sentiment d’infériorité, d’où l’écrasement inconscient de ce qui semblait être une menace.

( là aussi on voit comment l’entreprise a réussit à s’approprier le trouble psychologique de ce manager pour le mettre en son profit)

Le-méchant-directeur-d’en-face : Là, le bénéfice individuel est clair ; Quand je suis rentrée de son resto pour retrouver le mien, mes premiers mots ont été « qu’est ce qu’on est bien ici ». Ce gros méchant revalorisait mon terrain, et donc me motivait plus. Pour son restau en lui-même, je pourrais difficilement juger, car je n’ai pas pu cerner le truc en profondeur, mais la stratégie semble être : le chiffre par la terreur. Et cela a un autre bénéfice : les équipiers, terrorisés, n’osent pas s’intéresser à leur droit et se laissent écraser sans bouger le petit doigt.

Un petit mot sur la terreur : elle ne s’exprime pas forcément comme on le croit, avec les tremblements et tout le tralala. Ça peut être même tout l’inverse : une apparente forte confiance en soi, et une façon de se placer au côté du directeur terrorisant. La stratégie psychique inconsciente est claire, pour ne pas se faire écraser, plaçons-nous du côté de ce qui nous écrase. On se croit fort ainsi, mais c’est une illusion, une défense psychique contre la peur. Et évidemment, ça ne résout rien, mais on se croit à l’abri.

Je ne parlerais pas du manager-suant, c’était en effet un sacré boulet pour tout le monde. Je crois que c’est une sacrée erreur de la direction, car c’est une des premières choses qui a amené une cohésion dans la rébellion : les premières prémisses constructives qui ont permis « l’inscription » syndicale.

Bref, McQ, consciemment ou pas, crée des histoires qu’on veut vivre, car ces histoires nous déploient dans toute notre envergure, et brise un quotidien ramollissant (tout en faisant un max de chiffre, bien entendu)

La suite : 6.passionnellement vôtre

Aucun commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...