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lundi 29 juin 2009

( en souterrain) Les préjugés, un peu mieux étudiés...

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Généralement c’est des groupes de personnes qui les portent, l’opinion qui est partagée par le préjugé est une question d’identité et d’être accepté socialement.

Par exemple, le fait de dire que les étrangers bouffent le pain des français est un préjugé fort, mais, qui est accepté socialement dans certains groupes, voire même obligatoire. Atroce, vous me direz, mais ce préjugé participe à une identité collective de patriote extrémiste.



L’anti-mcdonaldisme est jugé favorablement en France ( c’est pas le cas dans d’autres pays), c’est une opinion d’ordre commun, allez dire que McDonald's c’est formidable sur tous les toits, vous verrez les réactions…

C’est hypocrite, me direz-vous, quand on voit le succès de cette forme de restauration rapide. C’est plus complexe que ça, les gens ne sont pas cons, idiots, ils sont sociaux. C’est ainsi qu’on voit dans les études de psychologie sociale comment les gens semblent avoir des comportements aberrants en comparaison avec leur discours.
Un exemple : Des familles d’accueil d’handicapés mentaux disaient les traiter exactement comme s’ils n’avaient aucun handicap. Or, dans l’observation, on constate que ces familles lavent leur linge séparément, font toutes sorte de choses pour se différencier des handicapés. (Étude de Jodelet)

Entre ce qui est dit et fait, il y a tout un univers. On dit ce qui est socialement acceptable, ce qui fait bien, ce qui renvoie une image positive : pour être accepté, tout simplement. Et on le fait presque inconsciemment.

Devenir Équipier, c’est intégrer un groupe social qui a des compétences, des savoirs particuliers. Et quand on est nouveau, il s’agit de se faire accepter par ces collègues et l’enseigne elle-même.
Donc, oui on perce la fausseté des préjugés de la population, car on a un autre point de vue, on voit plus de choses derrière le comptoir. Mais il ne faut pas négliger qu’il y a un travail d’intégration, qui aveugle notre objectivité, c’est normal on veut passer le mois d’essai donc on adopte une « morale » qui colle à ce nouvel environnement.

Notre sociologue au ketchup dans les veines nous parle de l’anti-mcdonaldisme :
« Aussi bien étayés que fussent ces discours de dénonciation, je ne me reconnais pas en eux »
Et c’est de là que part son étude « j’avais en plus une idée qui me semblait originale : réhabiliter McDonald's aux yeux de ses détracteurs »
On a tous eu, équipier, notre phase pro-McDo ( à part quelques rares rebelles qui le sont dès le départ). Ce qui est marrant, c’est de voir le discours des anciens employés, ceux aux milliers d’heures :

Y a un rythme intenable, C’est répétitif, on te parle comme à un chien, t’es payé des clopinettes…

Exactement les mêmes préjugés de départ…

Sauf qu’il y a une énorme différence avec le type qui n’a jamais été équipier qui lance ce genre de phrase : L’ancien a vécu tout ça.

Reprenons donc tous ces « préjugés » ( qui ne le sont plus, car l’ancien a eu largement le temps de les éprouver et de les réfléchir) :

- C’est crevant / y a un rythme intenable :

Oui, comme tout job. Sauf que chez McQ, la fatigue est nerveuse et donc encore plus usante. J’avais fait un peu le topo ici : http://lequipier.blogspot.com/2008/08/oh-drame-de-la-boite-de-nuggets-sans.html .

Pour comprendre cette fatigue si particulière à la restauration rapide, faut un peu voir comment le cerveau fonctionne.



Nous percevons par nos 5 sens, la perception fait le tri en compagnie de l’attention, de la motivation. On se concentre plus ou moins selon les situations, ce qui fait de la réalité du sujet quelque chose de très modelable.

Le métier d’équipier nous programme à percevoir les choses d’une façon utilitariste. Ainsi, notre ouïe est conditionnée pour associer telle sonnerie à une action (le Bip des frites, pour enlever la panière de l’huile par exemple). Mais également à distinguer de multiples voix importantes au travail : les ordres du manager, les cuistots ou caissier, les clients.

Rien que pour l’ouïe, le boulot de décorticage de la perception sonore est énorme, faut entendre des tonnes de trucs à la fois, beaucoup trop.

Le cerveau est une machine incroyable, super efficace, mais c’est un organisme vivant contrairement à l’ordinateur… Et ça se fatigue. L’attention a besoin de temps pour traiter correctement les informations, si elle n’a pas le temps, elle change de mode d’action et deviens moins efficace.

La mémoire de travail, qui est à court terme, celle qui ne concerne pas vos souvenirs d’enfants par exemple, bosse un maximum sur le terrain : En plus de se rappeler des procédures à effectuer, elle est mise au défi à chaque client > il s’agit là de retenir le plus d’éléments possible.
La mémoire à court terme peut retenir environ 7 éléments à la fois, un peu plus, un peu moins selon votre état général. Y a des astuces, bien évidemment que la mémoire met à l’œuvre, pour retenir des listes plus grandes. Mais il n’empêche qu’à un moment le système est saturé.
L’attention peut être parfaite pendant 45 minutes, après, ça commence à être difficile. Et là, on commence à tirer un peu trop sur le système…

Imaginer un ordinateur de base, lancez des programmes. De plus en plus de programmes et faites-les fonctionner en même temps et demandez leur la même efficacité.

C’est tout bonnement impossible. Y aura forcément des bugs, un programme pourra fonctionner correctement, mais l’autre sera extrêmement lent, ou tout sera lent.

Le cerveau a beau être des milliers de fois plus efficace qu’un ordinateur, y a un moment ou les neurones en ont ras le cul.

Et voilà comment arrive la fatigue nerveuse.

Mai heeeeuuuu c’est pareil dans les autres bouloooot…

Non. Dans les autres boulots, vous n’êtes pas forcé de bosser quand par exemple y a pas de clients, ou d’aller rapidement même quand y a que 2 clients à votre caisse ( c’est même souvent déconseillé, le client étant roi, faut s'adapter à son rythme pour qu'il soit satisfait).

Le fait de pouvoir ralentir la danse des programmes, ou de rêvasser une seconde, ça calme le système, ça lui permet de se réalimenter en énergie. Or chez McDo, il est interdit de rester les bras ballants, même une seconde.

- C’est répétitif

Oui, après avoir appris toutes les normes, les différents postes, on se retrouve a faire les choses en aveugle, par automatisme. Et dés qu’il y a automatisme, y a l’emmerdement pas loin. Le pire dans tout ça, c’est que le contact avec le client devrait contrer ça, or McDo a systématisé le discours à répéter, les paroles sont normées. Le contact devient tout aussi vide que de préparer des frites, on tue la richesse du contact.

Avec le temps, j’en venais à espérer de voir nos clients « fous » qui eux ne soumettaient jamais aux normes qu’on portait.

Je pense qu’en caisse, avec le client, il est nécessaire de jeter ces normes ridicules. On est humain, bordel, et ceux en face aussi. Bafouer ces règles, qu’importe l’évaluation qui en suivra, c’est pas important.

- On te parle comme à un chien

Là aussi, le nouveau ne se rend pas compte, mais s’il est bon, l’entreprise a tout intérêt a le garder et va le séduire pour qu’il ne pose pas sa démission tout de suite. La reconnaissance n’est pas gratuite, elle est juste là pour rendre encore plus rentable l’équipier.

Et y a un moment où l’équipier atteint un certain plafond d’excellence, il ne peut plus être meilleur parce qu’il est déjà au top.

Dans mon McQ, ces équipiers parfaits qui étaient adulés dans un premier temps sont ensuite saqués quand ils arrivent à leur plafond d’excellence : on leur coupe leur prime, on leur reproche de faire pas assez de chiffres même quand il n’y a aucun client, on reproche qu’il ne batte pas tous les records tout les jours. Bref, on les pousse à ne plus être excellent, mais surhumain, je dirais même être un super héros qui réussirait même quand le contexte s’oppose à la réussite monétaire du resto.

C’est à ce moment-là que commence l’abus et que le respect fout le camp.

Y a d’autres cas, mais je pense en avoir suffisamment parlé dans le blog.

- t’es payé des clopinettes

Quand on lit tout ce qui dit précédemment, on peut le dire qu’un SMIC n’est pas suffisant. Y a deux solutions : soit faudrait changer les conditions de travail, le système même de McDo-quick ou augmenter largement les salaires pour que soit soit « rentable » à l’équipier. Sinon il se barre, le turn over est énorme, et le resto, privé de ces bons éléments galère a fonctionner de façon optimum.

Quand je suis partie, sur une période de 2 mois, une douzaine d’employés a foutu le camp : des anciens biens rodés, des managers… le resto a beau dire qu’il s’en fout, je sais que ce genre de période est terriblement difficile à gérer pour tout le monde.

Bref, tout ça est vraiment très con.

la suite : ( en souterrain) le samouraï de fumée

Commentaires

DrHouse05 @ l'équipier... - ( en souterrain) Les p... 54 weeks ago · 0 replies · 0 points
je suis tout a fait d'accord avec le fait que on ne nous laisse même pas une minute de répits, une foi il y avait tellement rien a faire que le manager ma demandé de démonter les plaque de faux plafont des arrières et la c'est le drame je me coupe salement au doigt, résultat une salle coupure qui c'est infectée et a mis du temps a s'en remettre.

enfin voila quoi des foi c'est soulant de se faire donner des ordre tous aussi absurdes les uns les autres tout sa pour quoi, pour pas être debout (ou assis ) a rien faire, on nous prend vraiment pour des robots des foi -_- .

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