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mardi 16 juin 2009

Comment ça se déroule le harcèlement ?

Entre parenthèses, extraits du livre : « le harcèlement moral » de Marie France Hirigoyen. Articles précédent du même sujet : harcèlement moral ; Qui est visé par le harcèlement moral ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, parlons de celui qui harcèle :


« (…) un individu qui a besoin, pour se rehausser, d’écraser les autres, ou qui a besoin pour exister de démolir un individu choisi comme bouc émissaire. » « Un supérieur se prévaut de sa position hiérarchique d’une manière démesurée et harcèle ses subordonnés de crainte de perdre le contrôle. » « Les patrons et les petits chefs harceleurs, dans un but de toute puissance, se servent, consciemment ou non, de procédés pervers qui ligotent psychologiquement les victimes et les empêchent de réagir. Ces mêmes procédés, qui ressemblent à des pièges, ont d’ailleurs été utilisés dans les camps de concentration et continuent à être de rigueur dans les régimes totalitaires. »

On voit qu’il ressemble fortement à un exécrable patron. Généralement quelqu’un qui au fond de lui se sent très faible et c’est donc pour cela qu’il a besoin de mater tout ce qui est peut lui sembler fort, mieux que lui, ou dangereux dans sa position de toute puissance qu’il a acquise.

Les victimes, je me répète un peu, ne sont donc pas faibles. Elles peuvent être au contraire intellectuellement supérieure au harceleur (plus de diplômes par exemple, ce qui suscite de la jalousie), plus jeune ou plus expérimentée, plus libre, plus responsable, meilleure travailleuse, plus sereine psychiquement, bref tout ce qui peut susciter de la jalousie ; réfléchissez un peu , quelqu’un de faible ne pose pas de souci à personne, personne ne l’envie, il n’y a aucun intérêt à la casser car il est déjà cassé ( excepté pour les sadiques qui aiment casser tout ce qui est cassable). Les cibles sont donc des personnes à qui on doit retirer quelque chose qui est jalousé. Ça peut être également purement raciste.

Entrons dans le sujet et voyons comment ça se passe.


Étape 1 du harcèlement : empêcher une victime de réagir.
La peur du chômage est très pratique pour le harceleur.
« Dans un premier temps, on lui retire tout son sens critique jusqu'à ce qu’il ne sache plus qui a tord et qui a raison. On le stresse, on le houspille, on le surveille, on le chronomètre pour qu’il se sente en permanence sur le qui vive et surtout on ne lui dit rien de ce qui pourrait lui permettre de comprendre ce qui se passe »

C’est rigolo, mais ça me fait penser à ces temps de crises au McQ, ou tout monde, équipiers comme managers semblaient subir ce sort.

« Il (la victime) accepte toujours plus et n’arrive pas à dire que c’est insupportable »

Pareil, là aussi je pense au sort de tout mes collègues à qui ont en demandait toujours plus, jusqu'à même des requêtes impossibles (faire plus de 300 à tout les rush, même quand il n’y a pas suffisamment de clients) et qui, parce que c’était devenu une norme, un fonctionnement de l’entreprise même, ne passait pas pour du harcèlement.


Étape 2 : le refus de la communication directe par le harceleur
« L’agresseur refuse d’expliquer son attitude. Ce déni paralyse la victime qui ne peut pas se défendre, ce qui rend possible la poursuite de l’agression. En refusant de nommer le conflit, de discuter, l’agresseur empêche une discussion qui permettrait de trouver une solution. Dans le registre de la communication perverse, il faut empêcher l’autre de penser, de comprendre, de réagir. »

Ça me rappelle une phrase de mon ex-patron qu’il aimait à répéter (et qu’il répète encore) pour des tas de situations« Mais je vois pas où est le problème ? », « là, je ne comprends pas en quoi c’est un problème ». Il comprend parfaitement, sa non-compréhension est feinte, stratégique.

Étape 3 : disqualifier
« l’agression ne se passe pas ouvertement, ce qui pourrait permette de répliquer, elle est pratiquée de façon sous jacente, dans le registre de la communication non verbale : soupirs exécédés, haussement d’épaules, regards méprisants, sous entendus, allusions déstabilisantes ou malveillantes, remarques desobligeantes… »

« Dans la mesure où ces agressions sont indirectes, il est difficile de se défendre. Comment décrire un regard chargé de haine ? Comment rapporter des sous entendus, des non dits ? la victime doute elle-même de ses propres perceptions (…) on l’amene à douter d’elle-même. »


« Ce sont aussi des critiques indirectes dissimulées dans une plaisanterie, des railleries, des sarcasmes. On peut ensuite dire ce n’est qu’une plaisanterie, personne n’en ai jamais mort ! »

Ah l’humour… le second degré… Un beau déguisement qui a parfois son utilité dans le fait de se déguiser, mais qui peut être arme d’humiliation atroce. Rappelez-vous de ces scènes de films ou autres, ou dans la cour de récré, tous rient d’un enfant seul. N’est-ce pas un réel cauchemar ?

Étape 4 : discréditer

« pour enfoncer l’autre, on le ridiculise, l’humilie, le couvre de sarcasmes jusqu'à ce qu’il perde confiance en lui. On l’affuble d’un surnom ridicule, on se moque d’une infirmité ou d’une défaillance. On utilise la calomnie, les mensonges, les sous entendus malveillants. On s’arrange pour que la victime le sache sans qu’elle puisse pour autant s’en défendre. »

Y a une phrase qui vient de notre enfance et qui me semble essentielle, car psychologiquement elle réelle dans bien des situations. Ne l’oubliez jamais : « c’est celui qui dit qui est ».
Étape 5 : Isoler
« Lorsqu’on a décidé de détruire psychologiquement un salarié, pour qu’il ne puisse pas se défendre, il faut d’abord l’isoler en cassant les alliances possibles » « Par des insinuations ou des préférences affichées, on provoque des jalousies, on monte les gens les uns contre les autres, on sème la discorde. »

Encore une phrase à ne jamais oublier « divisez pour mieux régner ». J’ai pu observer ces manœuvres lors d’une rap session. Le grand grand directeur s’est mis à complimenter de façon outrageuse des ex- membres du mouvement afin de les faire venir dans son camp a lui, un peu comme s’il parlait à l’inconscient des manipulés leur disant « venez venez mes petits, je vous aimerais et vous féliciterais tout le temps alors que les autres, vous avez vu c’est des méchants parce que je leur donne pas de compliments. »
Étape 6 : brimer

« Cela consiste à confier à la victime des taches inutiles ou dégradantes »

Comme être systématiquement choisi pour le nettoyage du broyeur ou encore les managers qui sont forcés d’être mis à des postes d’équipiers.


Étape 7 : pousser l’autre à la faute
« Il est très facile, par une attitude de mépris ou de provocation, d’amener quelqu’un d’impulsif à la colère ou un comportement agressif repéré de tous. On peut ensuite dire : vous avez vu cette personne est complètement folle, elle perturbe le service »

Trêve de blabla au sujet du harcèlement et autres points relativement énervant ; Prochaine série d'article : Pourquoi aime-t-on McDo ?

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