On n'est pas des chiens, on n'est pas des crétins !

Et on connaît notre boulot !

Beaucoup de clients croient à tord en savoir plus que nous sur les promotions, sur la taille des frites, des jus d’oranges…

- mais c’est une petite potatoes ça ! hurle le client

- non, non les tailles sont... (Le client supérieur ne veut pas entendre l’explication, car de toute façon, il a raison)

- Arrêtez un peu, vous essayez de m’arnaquer, bande de salops, ah vous, les américains !

Il n’existe pas de petite potatoes, si vous en demandez vous en aurez une moyenne, mais il est vrai elle aura l’apparence d’une petite.

Tout comme le jus d’orange qui est « sous taillé » comparativement aux autres boissons.

Si quelqu’un vous arnaque, ce n’est pas l’équipier, donc il ne sert absolument à rien de s’en prendre à lui… Cherchez bien, vous trouverez les responsables.

Les promotions :

Je tends le ticket de caisse, l’homme en regarde attentivement le derrière.

- mais il n’y a pas de promotions dessus ! gueule-t-il, enragé

- Ce n’est pas sur tous les tickets.

- Tous les soirs j’en ai, pourquoi j’en ai pas là !

- Et bien, on ne doit plus avoir de rouleau de tickets avec les promotions…

- C’est inacceptable, plus jamais je ne reviendrais !

Lançant un dernier regard haineux, il part.

Clients, sachez qu’une promotion est un cadeau, pas un dû. Dans mon resto rapide presqu’une commande sur 2 est réduite d’un euro ou plus, alors parfois, il faut malheureusement payer sans réduction. Je vois bien ce genre de client partir chez ikea et crier « c’est intolérable je paye le prix affiché sur le canapé, j’ai même pas de promo pour la prochaine fois ! »

- un best of avec la promo étudiante… (on peut remarquer l’absence de s’il vous plaît, ça annonce toujours bien la commande)

- désolé, c’est avec un MAXI best of…

- mais la dernière fois on m’a fait avec un best of !

Non pas possible dans ce restaurant... On voit là un bel exemple de la problématique de différentes politiques sous la même enseigne.

Mais cela dit, l’excuse de « la dernière fois on me l’a fait » est extrêmement lourde et ne fonctionne pas. Ce n’est pas comme ça qu’on vous donnera des produits gratos. C’est même je dirais, la meilleure chose à dire pour vous ridiculiser. Car on sait absolument ce qui est fait ou n’est pas fait.

Toujours avec les promos étudiantes :

- un maxi best of avec la promo étudiante.

- Je peux voir votre carte étudiant ?

- Je l’ai pas.

- Donc pas de promo.

- Mais vous voyez bien que je suis étudiant !

Encore une excuse bidon. Votre tête de jeunot ne vous accorde pas la gratuité des sandwiches. Ayez votre carte, ça suffira. Même une fausse carte étudiante passera (a ma caisse du moins, d’autres sont plus soucieux que moi).

Vos esclaves ?

- je voudrais un big mac, mais avec un pain différent, juste la moitié de sauce, mais avec une viande supplémentaire. Des frites salées mais pas trop et un café avec 15 dosettes de lait et 12 sucres.

Et ma main dans ta gueule ?

Excusez, mais c’est a peu prés la réaction naturelle qui viens, quand vous êtes seul avec une quinzaine de clients, un cuistot seul et des milliards de taches à faire a coté.

Je conseille un restaurant gastronomique, se sera plus adaptés avec vos désirs d’être servi en grandes pompes.

Ici on fait du standard, du rapide, pas du service adapté à des exigences mondaines.

- mon big mac est de travers !

Pareil, je pense que vous pouvez déplacer la couronne ( pain du dessus) avec doigts agiles, plutôt que de faire refaire au cuistot le dit sandwich. Cela évitera de remplir la poubelle avec de la nourriture tout a fait comestible.

- mon fils a vomi par terre, vous pouvez nettoyer ?

Mais oui, bien sûr, avec plaisir. C’est dans ces accidents qu’on peut percevoir la représentation qu’ont les gens à notre égard. Dans un même cas, le client respectueux demandera :

- je suis désolé mon fils a eu un accident, est ce que je peux vous emprunter quelque chose pour nettoyer ?

Voyez cette nuance… et bien, c’est ce qui nous rend soudainement être humain comme vous, ou esclaves.

A cette mère, vous pointant du doigt, disant allègrement à son fils « tu vois, si tu ne travailles pas l’école tu finiras comme lui », j’aimerais répondre :

La majorité du « petit personnel » a le bac.

Dans mon restaurant, je connais au moins 7 personnes étant ou ayant un master ( bac+5). Les autres sont en licences.

Nous sommes tous plus diplômés les uns que les autres, pire encore nous continuons nos études.

Nous assumons une charge de travail allant de 35 à 60 heures par semaines (cours compris), sans jours de congés, parfois sans même une demi journée de repos.

Pour la plupart, nous sommes courageux, trop courageux, révisant en salle de pause ou en rentrant du boulot, à 2 heures du matin sachant que le cours commence à 8 heures le même matin.

Cela mérite le respect. Je crois. Un minimum.